« Le Prix du livre d’Humour de résistance »
L’association loi 1901 « La Maison de l’Humour » décerne chaque année depuis 15 ans son « Prix du livre d’humour de résistance » que son jury choisit parmi tous les livres parus récemment qui touchent à l'humour tant d'un point de vue romanesque et autobiographique que sous forme d'essai ou de biographie.
En quelque sorte, l’humour
dans tous ses sens, interdits et autres…. !
« Le rire est la
cascade sonore par laquelle on reprend son souffle après qu’il a été coupé,
légèrement, par une surprise agréable, un trait (d’esprit mais pas toujours),
une différence vivace, un entre-deux qui, nous ayant un peu ouvert, nous a
permis d’entrecouper le ronron, le sérieux-sériel du travail, la longue
continuité avec soi-même. Le rire libère ou plutôt décharge une curieuse charge
signifiante dont on a reçu le choc… ».
C’est ainsi que Daniel
Sibony nous évoque dans son livre « Les sens du rire et de l’Humour »
(Editions Odile Jacob), tout en intégrant les approches de Bergson sur le rire
de situation, de Freud sur la levée du refoulement, et de Baudelaire sur le
grotesque, donne au rire une dimension et une portée symboliques,
transmetteuses de vie, qui engagent notre rapport à l’être, aux autres, à nous-mêmes.
L’on peut à cet égard prendre
appui sur un vaste éventail d’exemples, de Devos à Woody Allen, du rire
d’Abraham aux Marx Brothers, de l’humour juif ou anglais au rire de la joie .
Ce prix pourrait donc
ainsi appeler ce prix « l'Arc-en-Ciel des Humours » en reprenant
ainsi toutes ses couleurs comme l'humour noir qui est la forme la plus
pure, la plus liée à la mort et la plus et la plus magnifiquement scandaleuse
de l'humour mais qui est loin d'en être la seule.
On peut donc ainsi
attribuer à l’humour et à ses livres d'autres couleurs, avec définition et
exemples : jaune comme l'autodérision, vert comme la fausse naïveté, gris comme
le monde vu par un dépressif, rouge comme la révolte changée en éclat de rire,
violet comme le blasphème en robe de cardinal, bleu comme le délire déguisé en
banalité quotidienne, caméléonesque comme la parodie, blanc, enfin, comme
l'euphémisme cocasse, les phrases absurdes ou les pirouettes de dandy
suicidaire.
N'oublions jamais le
rôle cathartique, conjuratoire et libérateur du rire.
Selon Romain Gary : « L’humour est une déclaration de dignité, une affirmation de la supériorité de l’homme sur ce qu’il lui arrive ».
C’est, à mon avis, une forme supérieure de l’intelligence et je propose une minute de silence par compassion pour ceux qui sont privés de ces deux richesses !
P.S: Pour les prix qui précèdent, voyez ce lien:
http://lephare1.e-monsite.com/pages/prix-humour-de-resistance/le-prix-humour-de-resistance-1.html
Un grand anthropologue du corps dévoile les mystères d’un des plus beaux gestes humains : le sourire.
David Le Breton poursuit son anthropologie du corps de façon plus affinée, plus littéraire aussi au regard de ses précédents ouvrages, il ouvre des voies de réflexion au lecteur. Ici pas d’interviews, que du vécu et des citations d’écrivains, de cinéastes ou des peintures qui décrivent sur le vif des sourires, des centaines de sourires plus ou moins célèbres où se voilent des significations contradictoires.
Le sourire se devine, il gagne les yeux, transforme le visage et nous introduit l’un à l’autre avec toute la subtilité polysémique d’une humanité qui s’y reconnaît. Le sourire est bien un effleurement de l’âme, il dit la subtilité de la présence au monde, à l’autre et à soi. Les savants peuvent bien constater que le sourire est la réaction la plus faible du visage à toute excitation légère et faciale, les poètes comme Paul Valéry y voient « le premier luxe de l’être. Ce n’est plus le besoin qui pleure et qui crie. C’est l’ouverture de l’inutile besoin de communiquer pour autre chose que l’apaisement d’une soif ». Oui, le sourire est un adoucisseur de contact quand il n’est pas convenu, de circonstance, narquois, exaspérant ou, bêtement, pour donner le change. C’est aussi une ritualité parfois régie par une subtile hiérarchie sociale qui permet à l’individu de communiquer autrement, sans mot, de tout son corps.
Cette anthropologie de l’énigmatique touche bien sûr aux conventions et aux interactions sociales, elle touche aussi à notre spiritualité vraie et naïve qui nous fait exister autant que résister au monde et communiquer de soi à l’autre.
Etienne Moulron
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